La crise du logement secoue la Bretagne. Au point que de nouvelles communes sous tension immobilière pourraient bientôt appliquer une surtaxe d’habitation sur les résidences secondaires.
Immobilier, la Bretagne sous tension
Le boom de la demande post-Covid et la hausse des prix de l’immobilier qui a suivi ont bouleversé le marché immobilier breton. Désormais, suite à ce dynamisme record, le secteur est sous tension et on observe une pénurie de logements locatifs dans la zone. Dans ce contexte, de nombreux Bretons peinent à se loger dans leur propre région. Entre forêts profondes, vieux calvaires et Côtes sauvages où se succèdent baies, presqu’îles, caps et archipels, la région séduit. Et pour cause, la Bretagne offre à ses habitants des paysages magnifiques chargés d’histoire où traditions fortes et légendes se côtoient. Une situation qui a amené l’Assemblée nationale à prendre des mesures dans le cadre de la loi de finances pour 2023. Ainsi un amendement a été voté qui prévoit d’augmenter la taxe d’habitation sur les résidences secondaires (THRS) et de l’élargir à davantage de communes.
70 % de résidences secondaires dans certaines communes bretonnes
Si le projet de loi de finances prévoit d’étendre les zones tendues, pour l’heure « on ne sait pas encore quelles communes bretonnes seront concernées », pointe Nil Caouissin, conseiller régional (Union démocratique bretonne). Or, en Bretagne, beaucoup de communes sont sous tension immobilière. À titre d’exemple, le pourcentage de résidences secondaires atteint 70 % sur l’Île aux Moines et 65 % à Carnac. En revanche, à Saint-Malo, la part de résidences secondaires n’est que de 26 %. Aussi, comme le propose le conseiller régional, l’extension devrait être plus large et ne devrait pas uniquement concerner les communes du littoral. Pour rappel, les côtes bretonnes comptent 235 000 résidences secondaires, en augmentation de 5 % sur les cinq dernières années.
Favoriser le logement des résidents bretons
Pour alerter le gouvernement, plusieurs mobilisations ont eu lieu en Bretagne. La résidence permanente est bien entendu en jeu et les habitants réclament une régulation de l’immobilier en Bretagne. Depuis la crise sanitaire et le développement du télétravail, les régions font face à un nouveau phénomène. Les particuliers ont davantage cherché un pied-à-terre éloigné des grandes agglomérations pour le week-end, un endroit où télétravailler. Un mouvement qui a provoqué de nouvelles tensions sur de nouvelles zones, en particulier touristiques. Pour répondre à cette problématique, Nil Caouissin préconise d’appliquer une taxe régionale sur les résidences secondaires : « Cette taxe pourrait être modulable et tenir compte des revenus des propriétaires ». Selon lui, cette taxe permettrait à la fois :
- d’inciter les propriétaires des résidences secondaires à louer le bien, voire à le mettre en vente ;
- donner des moyens supplémentaires à la politique du logement en Bretagne.
Reste que pour l’heure l’association des maires de France (AMF) n’avance aucune donnée concernant les critères de définition des communes susceptibles d’être surtaxées, car considérées comme zones tendues. Toutefois, Christophe Demerson, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers, évoque le nombre de 4 000 communes supplémentaires qui devraient appliquer la surtaxe d’habitation sur les résidences secondaires.