L’année 2021 a été marquée par une hausse du nombre de logements en vente sur le marché français. Les professionnels craignent une augmentation des prix cette année.
Le marché de la construction renoue avec la croissance
Le marché immobilier neuf a repris des couleurs, mais les résultats doivent être considérés avec précaution. Les améliorations constatées ne suffiraient pas à contrer les difficultés du secteur selon le Pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB). Aussi, malgré le rebond, le prix du logement neuf risque de s’envoler dès 2022. En dehors de la pénurie foncière, plusieurs événements y contribueraient. C’est le cas de la crise des matériaux, mais aussi du durcissement des conditions d’emprunt avec la hausse des taux d’intérêt.
Une reprise en demi-teinte
Les chiffres du marché immobilier peuvent induire en erreur, car bien qu’ils dénotent une amélioration, le secteur de la construction traverse une phase difficile. Les chiffres s’appuient en effet sur un premier semestre 2021 qui affiche des résultats exceptionnels : +38,6 % de ventes réalisées au premier trimestre et +63,2 % au deuxième à la sortie des confinements alors que la tendance du secteur est à la baisse depuis 2018. Et, dès fin janvier 2022, les ventes de maisons individuelles sont en recul de 14 % sur trois mois. Les chiffres pour les maisons construites en lotissements sont à peu près identiques, après trois années d’érosion continue, les ventes affichent un rebond de 8 % en 2021. Mais le niveau est en dessous de la moyenne de long terme. Idem pour le logement collectif, malgré des mises en vente qui se sont redressées en 2021, +20,9 % ne suffisent pas à inverser la tendance baissière débutée en 2018.
Une hausse des coûts du logement neuf de 5 à 10 % attendue
Depuis l’automne 2021, la demande se replie, sous l’effet de la capacité d’emprunt des ménages et des incertitudes qui pèsent sur le pouvoir d’achat. La production de crédit a chuté de 20 % dans l’immobilier neuf ces deux dernières années, selon le pôle Habitat. En parallèle, les prix ont flambé, en augmentation de 10 % sur quatre ans. « 2022 risque d’être une année complexe pour la construction neuve », alerte le président du Pôle Habitat de la FFB. L’application de la Réglementation environnementale 2020 (RE2020) et la crise sévère des matériaux et de l’énergie font partie des facteurs qui conduisent à une augmentation des prix immobiliers. Cette hausse s’établit à 5,2 % à fin novembre sur 11 mois, selon l’index BT01 de l’Insee qui sert de base à la révision des prix dans le secteur du logement. L’ascension devrait se poursuivre dans les prochains mois. La FFB évalue une hausse de 5 à 10 %. Une progression qui s’installerait sur le long terme en raison des surcoûts et de l’impact de la réglementation sur le prix de sortie des logements. En outre, la crise énergétique n’a pas fini d’alimenter cette ascension.
Le pouvoir d’achat immobilier des ménages
En bout de chaîne, les logements neufs pourraient se renchérir de 3,5 % à 7 % selon les professionnels, certains estiment même une augmentation de près de 10 % des prix des maisons neuves en 2022. Face à la situation, le Pôle Habitat demande au gouvernement des mesures pour soutenir le secteur et le pouvoir d’achat des ménages.
La Fédération du bâtiment propose de :
- Mettre en place un crédit d’impôt de 15 % sur les 5 premières annuités d’emprunt immobilier afin de compenser, en partie, l’impact de la RE2020.
- Rétablir le prêt à taux zéro (PTZ) avec une quotité de 40 % et sans distinction territoriale.
Le Pôle Habitat demande également de repenser le durcissement des conditions d’accès au programme Pinel en 2023 et 2024. Ce dispositif favorise en effet l’investissement locatif dans le neuf en France.